Interview avec Nathalie Vincent, accueillie et accompagnée par le CSAPA, nous parle de la délicate période des fêtes de fin d’année.
En tant que personne accueillie et accompagnée par le CSAPA, comment vois-tu les fêtes de fin d’années?
A la base, je les vois avec un peu d’appréhension, dans le sens où maintenant pour me préserver, j’ai envie de vivre des choses plus légères. J’ai envie de partager des moments d’amour, mais souvent quand il y a de la famille cela me ramène à des choses qui sont lourdes. Et c’est dans ces fêtes-là que l’on pense parfois à consommer. Et on consomme et après, on n’est pas bien non plus. Je me suis fait déjà toutes cette réflexion-là pour les fêtes. J’ai envie d’épurer au maximum, car j’ai une fille donc il faut qu’il y ait l’événement de Noël avec quelque choses qui soit aussi pour elle. C’est pas toujours simple en fait. Je veux vraiment épurer car avant c’était fait avec le papa et mon frère et en fait ce moment n’est pas fluide au niveau de la communication et des tensions et cela va à contre sens des choses que je veux vivre dans ces moments-là. Après quelques verres d’alcool, il peut y avoir des tensions et des prises de tête. Il y a des choses qui ressortent et maintenant je suis à 10.000 lieux de tout ça.
Y-a t-il des choses que tu fais ou aurait envie de faire autrement pendant cette période par rapport à avant?
Je n’ai plus envie de répondre aux mêmes « coutumes » qu’avant. Je me dis « A quoi bon se rassembler si il y a ce genres de pratiques ? ». Je reste toujours inquiète par rapport au père de ma fille et je ne suis pas tranquille si elle part avec lui. Donc si je veux qu’elle le voit un peu, je vais être obligé de l’accueillir un petit peu à la maison. Mais après j’ai envie de partir et de m’éloigner, et aller avec des gens avec qui je me sens mieux et qui me correspondent plus.
Est-ce que la période des fêtes est un problème pour toi, si tu choisis de consommer ou de ne pas consommer?
J’y pense, mais pour l’avoir vécu plusieurs fois, je sais qu’après je ne suis pas bien. On a envie de se faire du bien sur le moment mais après coup, je ne suis pas bien, je suis fatiguée… et je me rends compte maintenant que ça a toujours été à l’opposé de ce que je voulais au fond de moi. Donc si j’y pense, à la période des fêtes, c’est que j’y pense pour me préparer, pour pouvoir anticiper. Je ne me dis plus « C’est les fêtes, et on verra bien », comme je pouvais me le dire avant. Et je ne me dis plus « C’est les fêtes, on peut se laisser aller ». A chaque fois que j’ai pensé de cette manière, je n’ai pas été bien après. Si je consomme, je sais encore maintenant que je ne me sentirai pas bien non plus.
Est-ce que tu te sens soutenu par un entourage notamment pendant les fêtes ?
Je me sentirai soutenue à ne pas refaire la fête avec le père de ma fille qui boit. Mon frère, même s’il ne vient pas avec du produit, il ne fait que parler de cocaïne. Il ramène des choses qui sont lourdes pour moi, qui sont négatives, et je n’ai pas envie d’entendre parler de ça. Je suis très sensible à tout ça et je vais me sentir mal si j’entends tout ça. J’ai envie de focaliser sur des choses porteuses et être avec des gens qui sont loin de tout ça.
En fait, je vais aller chez des gens qui me connaissent bien. Au début, l’amour qu’ils portaient envers moi, je ne me sentais pas légitime pour le recevoir. Je n’avais pas envie de les plomber, mais en fait ces gens ne m’ont jamais lâchée. Ils ont toujours insisté, et ils ne m’ont jamais lâcher. Même si ce n’est pas à la date de Noël, je sais que je vais aller les rejoindre entre Noël et le jour de l’an.
Quels conseils tu aurais envie de donner à quelqu’un qui appréhende cette période, du fait d’une addiction ?
Si la personne a envie de consommer, qu’elle puisse essayer de penser à comment elle se sentira après. Est-ce que la personne a vraiment envie au fond d’elle-même de consommer? Je lui dirais de ne pas se forcer d’aller vivre des situations qui vont le rendre mal, car c’est surtout ce genre de situations qui vont donner envie de consommer.
On n’est pas obligé de se forcer aussi à être avec des gens, car c’est la coutume ou qu’ils pourraient mal prendre notre absence. Il ne faut pas se forcer.
Il faut peut-être essayer de rencontrer des gens qui vont permettre de vivre des situations agréables. Et de s’écouter pour vivre des choses les plus légères possibles. Surtout ne pas s’en vouloir, et ne pas se forcer à vivre des choses que l’on ne veut pas.
Si la personne consomme, je lui conseille de ne pas rester seule, et voir des gens avec qui elle peut en parler. Ça m’est arrivé de consommer pendant les fêtes et c’est pour cette raison que je sais aussi ce que ça fait et on trouve toujours des personnes pour en parler. D’une manière ou d’une autre, il ne faut pas s’en vouloir, car on a toujours des raisons de réagir de telle ou telle manière, même si on se dit « Je n’aurais pas dû faire comme ça », c’est fait! Donc pourquoi culpabiliser ? il faut que ce qui a été vécu puisse servir pour après, sans jugement, et que l’on puisse grandir avec ces expériences.
Y-a-il des choses que tu souhaites ajouter sur ces thèmes d’addiction et fêtes de fin d’années ?
Les fêtes et faire la fête, on fait souvent l’association des deux. Faire la fête et les produits, c’est très souvent associé. Alors est-ce que c’est vraiment une fête? Est-ce que je suis en communion avec les personnes avec qui je suis ? Et si je suis défoncé, qu’est-ce que je vais garder de ça ? Est-ce que la fête, c’est faire la fête ? Est-ce que c’est prendre des produits ? Ou est-ce que c’est de pouvoir partager de l’amour et des bonnes choses ?