Pour arrêter de fumer, il est conseillé de rencontrer un tabacologue : ainsi, les solutions mises en place seront personnalisées et donc plus efficaces. Marjorie Bouyssou, infirmière tabacologue au CTR de Pern, répond à nos questions dans le cadre du Mois Sans Tabac.

 

Comment ça marche, les substituts ? Qu’est-ce qui fonctionne le mieux pour arrêter de fumer ?

Cela dépend des personnes. Il n’y a pas de règles d’or, ce ne sont que des cas individuels. On va adapter le dosage, cela peut se faire avec ou sans patch, avec ou sans gomme. Le dosage du patch, le nombre de gommes, de pastilles, tout est réfléchi sur mesure pour chaque personne. Il existe aussi des inhaleurs. Il y a plein de méthodes dont on discute avec le patient.

Est-ce qu’il est aussi envisagé des médicaments du type anxiolitiques ?

Dans le cadre du sevrage strict, on ne prescrit pas d’anxiolitiques. Si la personne est équilibrée, que l’on trouve le bon dosage de substitution nicotinique, a priori, il n’y a pas besoin de traitement à côté.

Si on n’a pas réussi à arrêter une fois, deux fois… Comment fait-on pour se remotiver et réessayer d’arrêter de fumer ?

Ce n’est pas du tout un point négatif, bien au contraire. Il faut valoriser les périodes d’arrêt. Plus on a essayé d’arrêter de fumer, plus ou a de chance d’arrêter définitivement. En addictologie, on considère chaque arrêt comme une expérience positive qui tend vers la réussite.

Est-ce qu’un mois suffit pour arrêter le tabac ?

Honnêtement, un mois ne suffit pas. Mais le 1e mois, c’est la période où le syndrome de sevrage est majeur. Passées les 4 ou 5 semaines du début, il peut y avoir un apaisement de ce syndrome. C’est pourquoi le plus difficile est de passer ce mois-là, ce tout premier mois. Les mois suivants sont le maintien de l’abstinence, donc on va travailler un peu différemment. Après, c’est propre à chacun.

Comment se passe le suivi, après ce 1e mois d’arrêt du tabac ?

Le suivi est très important. Il faut pouvoir projeter l’abstinence sur de la longue durée. il peut y avoir aussi des périodes de craquage, et ce n’est pas très grave.

Comment on gère ces périodes de craquage ?

La personne peut s’être approprié suffisamment d’outils avec le professionnel pour pouvoir gérer ces périodes-là. Sinon, elle peut revenir consulter pour en discuter, et remettre en route une dynamique vers l’arrêt. Mais on ne considère pas cela comme quelque chose de grave. La dépendance au tabac est une maladie chronique, et de temps en temps il peut y avoir des petits hic. Ce sont des rechutes qu’il faut savoir maîtriser.

Il paraît que l’envie de fumer dure 3 minutes, mais souvent, on a l’impression qu’elle reste toute la journée, jusqu’à devenir une obsession. Pourquoi ?

Quand vous parlez de cette envie de 3 minutes, nous on parle plutôt de « craving » qui est la pulsion extrêmement intense. L’envie peut se manifester tout au long de la journée. Mais ce n’est pas le fait d’avoir envie qui pose problème en soi, mais plutôt cette envie hyper intense.

Donc il faut dépasser les 3 minutes de « craving », et après, on aura encore envie, mais ce ne sera pas aussi intense ?

Oui, il y a un cap à passer. On va apprendre, en consultation, comment gérer ces moments intenses. Il y a plein de petites techniques, mais ça dépend des personnes : cela peut être boire un verre d’eau, manger un fruit, aller marcher…

Le sport peut être aussi utile quand on arrête de fumer, non ?

Tout à fait. L’arrêt d’une consommation de produit, quelle qu’elle soit, c’est aussi une prise de conscience d’un changement de comportement global qui tend vers une meilleure hygiène de vie. Le sport, ou en tout cas une activité physique, fait donc souvent partie de ce changement.