A l’occasion de la Fête des Familles organisée par l’UDAF à Cahors, nous avons rencontré Anne Serillon, travailleuse sociale au CADA (Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile).

C’est quoi le CEIIS ?

Le CEIIS est une association locale qui travaille sur 3 pôles essentiels : la demande d’asile, l’addiction et l’insertion sociale. Pour cela, nous travaillons au travers de différents dispositifs et centres d’hébergement, essentiellement sur 3 lieux géographiques : Figeac, Cahors et Cajarc.

Pourquoi as-tu voulu participer à la Fête des Familles?

Cela nous semble important d’être associés à cette journée, car il y a beaucoup d’associations du département. Au niveau de la demande d’asile, nous travaillons beaucoup avec des centres sociaux et des associations. On a pu échanger aussi avec les partenaires, qu’on rencontre parfois trop rapidement. C’était l’occasion de discuter, et de les rencontrer dans le cadre de projets qui pourraient se construire ensemble. On est venu en plus avec nos familles et les enfants afin de profiter des activités qui étaient proposées.

Tu peux nous parler de ton stand?

Sur notre stand, nous avons souhaité présenter l’exposition « raconter pour se rencontrer ». C’est une exposition réalisée il y a deux ans, avec une illustratrice et les personnes accueillies en CADA. Elle retrace, au travers de cinq panneaux, le parcours d’une personne qui vient demander l’asile en France. Donc il y a un panneau sur « Partir », et les raisons qui poussent une personne à partir de son pays.

Ensuite, la route et les obstacles qu’on y trouve avant d’atteindre l’arrivée.

Enfin, quand on arrive en France, qu’est-ce que la personne doit faire ? Quelles sont les démarches à entreprendre ? Quelle est la procédure qui s’enclenche ? Une fois que l’on a des papiers, ou qu’on ne les a pas… Qu’est ce qui peut se passer ? Et quelles suites on peut avoir, lorsqu’on est accueilli dans un pays?

Quel message aurais-tu envie de faire passer?

Il faut aller au delà de l’information que l’on trouve un peu facilement dans les médias, ou dans les publications, et c’est intéressant de pouvoir rencontrer, au niveau local, les demandeurs d’asile. Il faut pouvoir rencontrer ces personnes accueillies ou les professionnels qui les accompagnent, pour se faire sa propre idée, du parcours du demandeur d’asile en France, et ce qu’est l’accueil des étrangers en France. Il ne faut pas se contenter de l’information facile qui peut être fausse.

Comment cela se passe avec les personnes que vous accueillez?

Au niveau du CADA et du CAO (Centre d’accueil et d’orientation), ce sont des personnes isolées ou des familles qui sont orientés par l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration), donc ce sont des personnes que l’on ne connait pas forcément, et qu’on accueille à la gare.

Notre objectif est que ces personnes puissent se sentir rapidement en confiance avec nous, et qu’ils puissent avoir des réponses claires à leurs questionnements. Nous les accompagnons afin qu’ils puissent aussi se créer rapidement un réseau et des contacts. En fait, il s’agit surtout de leur permettre d’être autonome en trouvant des ressources dans et surtout en dehors de notre centre. Notre rôle est aussi de les accompagner au mieux sur les questions juridiques de leur donner des informations concrètes, sur la procédure qu’ils vont devoir faire. Il faut qu’ils puissent avoir accès aux informations dont ils vont avoir besoin.

Avez-vous d’autres activités/actions que vous mettez en place avec les personnes?

On accompagne socialement et juridiquement, donc on est aussi bien sur l’appropriation du logement, du quartier, sur la scolarisation des enfants, sur l’accès à des activités, l’accompagnement médical, l’accès au soin, et la procédure de la demande d’asile. On les prépare à l’ entretien qu’elles doivent  passer à Paris à l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides). Ce sont des entretiens qui sont quand même éprouvants, étant donné que la personne se trouve à raconter son histoire, ce qu’elle a subi, et qu’elle n’a pas le droit de rater ce passage-là. On doit les préparer au maximum afin qu’ils puissent se projeter le plus sereinement possible à l’OFPRA. Ensuite une fois que l’on reçoit la réponse, nous envisageons avec eux les suites possibles et les démarches à entreprendre.

Puisqu’on est sur la plateforme Ôse46, avec une orientation sur les conduites potentiellement addictives, y-a t-il des personnes accueillies sur la demande d’asile, qui présentent des difficultés à ce niveau-là?

Cela arrive que l’on rencontre des situations d’addictions, notamment avec l’alcool. Cependant le problème prioritaire, pour eux, reste la difficulté de savoir s’ils peuvent se projeter ou ne pas se projeter en France, car ils vivent dans cette attente, des situations compliquées. En fait cet ensemble de traumatismes vécus et d’incertitudes actuelles fait que,  on essaye d’aborder les conduites addictives, quand on les détecte mais je ne sais pas si on arriverait à une prise en charge et à une envie de se soigner. Car ces personnes veulent déjà pouvoir savoir si elles vont pouvoir rester, ici, en France, en sécurité.