Nous avons rencontré Vladimir Nadal, éducateur spécialisé en addictologie, qui nous parle des associations au sein desquelles il a travaillé. Son expérience et son parcours permettent de comprendre les différentes aides apportées aux personnes consommatrices de drogues. Cette semaine, nous abordons son travail au sein du CTR (Centre Thérapeutique Résidentiel), l’internat de Pern. 

Comment décririez vous votre métier d’éducateur spécialisé ?

En addicto, c’est spécifique. Il y a plusieurs profils de postes. Il y a un profil de poste sur l’internat : il s’agit d’accompagnement de la vie quotidienne avec les personnes qui sont accueillies et qui sont là en soin. Il y a un autre profil d’éducateur spécialisé sur l’ambulatoire. Ici au CEIIS Le Peyry de Cahors, c’est l’ambulatoire. Il n’y a pas d’hébergement, ce sont des personnes ayant une addiction qui viennent et à qui l’on propose un accompagnement social, comme pour faire des papiers administratifs, pour gérer leur vie de tous les jours mais plus du côté social que du côté du soin, même si on ne peut pas séparer les deux. Dans l’ambulatoire, il y a plusieurs niveaux, car il y a des personnes adultes qui vont être pris en charge par le médecin ou la psychologue ici, et qui vont venir demander de l’accompagnement social auprès d’un éducateur spécialisé. Après, il y a aussi la consultation « jeunes consommateurs », plus spécifique sur les jeunes de 12/25 ans qui viennent le plus souvent parce que les parents ou l’entourage le demandent, ou parce que la justice le demande. Là, cet accompagnement est plus tourné comme de la psycho-éducation liée à l’addiction.

Comment êtes-vous arrivé au CEIIS ?

J’ai été embauché au CEIIS en février 2011. Il y avait un appel à projet de la MILDECA (Mission Interministérielle de Lutte Contre les Drogues et les Conduites Addictives) pour prendre en charge des personnes consommatrices de crack qui venaient de région parisienne et que l’on arrivait pas à prendre en charge dans des structures généralistes. C’est une expérimentation qui durait sur 3 ans. Ils ont créé plusieurs postes dont un poste d’éducateur spécialisé sur l’internat. C’est comme ça que je suis rentré à l’internat de Pern, j’y suis resté 5 ans pour travailler sur la vie quotidienne : gestion des temps du quotidien, les levés, les soirées, les week-ends. Aujourd’hui, je suis sur plusieurs postes. C’est un peu spécifique, car j’ai fait des formations en thérapie comportementale et, désormais, j’interviens sur l’internat, mais en journée sur des groupes de travail thérapeutique.

Comment se déroule le quotidien à l’internat de Pern ?

L’internat, c’est le CTR, le Centre Thérapeutique Résidentiel, qui accueille les personnes qui souffrent d’addiction, qui font des séjours de 12 semaines avec une prise en charge médico-sociale, avec des éducateurs présents pour le travail social et le travail du quotidien, une infirmière, des psychologues et un médecin. Le centre propose également des ateliers thérapeutiques, des groupes de parole, de ateliers techniques, du sport, des activités dites « maison » comme de la cuisine… Les éducateurs spécialisés accompagnent les personnes dans ce quotidien-là. On est avec eux en cuisine pour faire à manger, on est avec eux le week-end, on distribue les traitements… On les accompagne aussi dans leur projet de vie. L’équipe éducative à l’internat est la plus présente. L’infirmière est là à 80%, le médecin est vu en visite médicale hebdomadaire, et le sport aussi, c’est une fois par semaine. Tout le reste, c’est avec l’équipe éducative au quotidien. Il y a aussi des psychologues, l’une fait les entretiens individuels et l’autre fait les groupes de paroles avec moi.

A suivre : le CAARUD et la Réduction des Risques